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vendredi 29 avril 2011

SELON LA MINUSTAH LES RESULTATS DE L’ENQUETE SUR L’ORIGINE DU CHOLERA SERAIENT PRESENTES LE 03 OU LE 04 MAI PROCHAIN :

CARAIBES FM : Avec la résurgence de l’épidémie de choléra dans certaines zones du pays, nous aimerions bien avoir les résultats  sur la provenance de l’épidémie donc où en est- on avec le rapport ?
Porte-parole MINUSTAH : D’après les dernières informations dont nous disposons  le rapport  devrait être présenté le 03 ou le 04 mai  au Secrétaire Général par les experts et nous nous attendons à ce que ce dernier soit publié immédiatement après.  Ces experts sont indépendants.  Je le rappelle encore une fois.  Ce n’est pas la MINUSTAH qui a commandité cette enquête. Si cela avait été le cas, cela aurait sans doute été ӑ juste titre perçu comme un peu suspect, puisque nous avions nous-mêmes été « accusés » par certains d’avoir amené cette épidémie ! Donc nous attendons comme vous les conclusions de ce rapport d’experts indépendants. Nous vous rappelons que la date de sortie de ce rapport ne dépend pas de nous.  En attendant, je vous propose de faire le point sur la réponse à l’épidémie, car, il y a beaucoup d’efforts qui sont fait pour le moment, des adaptations de la stratégie en prévision de la saison des pluies, notamment. Je passe la parole à  collègue Emmanuelle Schneider, d’OCHA  pour qu’elle puisse vous faire le point.
Porte-parole d’OCHA : Je vais rappeler les derniers chiffres de choléra qui proviennent du Ministère de la Santé Publique et de la Population. A la date du 25 avril, le nombre de morts a atteint pratiquement les  5000 personnes.
Par rapport à la stratégie que nous avons adoptée, vous savez que l’épidémie de choléra a atteint un pic au mois de février dernier. Comment estime t’on qu’un plateau a été atteint ? Se sont les épidémiologistes qui le déterminent sur la base d’une stabilisation du  nombre de nouveau cas et de mort sur quelques semaines. Donc, nous savons que l’épidémie de choléra a ralenti, nous savons aussi qu’il y aura des flambées, elles sont déjà apparues dans certain départements  notamment à Thiote mais cette flambée a été  circonscrite rapidement.
Dès l’apparition de l’épidémie de choléra et  de son identification par le gouvernement, les humanitaires et le MSPP se sont mis à la tâche très rapidement et nous avions pu établir des réseaux de CTC et d’unités de traitement de choléra et de postes de réhydratation orale. Quelques 8 semaines après la maladie nous disposions déjà  dans l’ensemble du pays de 11,000 lits ce qui était quand même une réponse assez réussie et rapide compte tenu  du fait que le pays ne disposait que de peu d’infrastructures sanitaires. D’un point de vue humanitaire, nous pouvons dire que la réponse était réussie, comme vous le savez le pays ne s’était même pas relevé du tremblement de terre, nous avions eu la tempête du 24 septembre qui n’était pas attendue et  nous avons du gérer aussi l’ouragan Thomas.
Ce que nous pouvons dire à l’heure actuelle c’est que nous avons pu éviter le pire. Bien entendu, 5000 morts, c’est bien trop. La bonne nouvelle, c’est que vu la baisse que nous observons du nombre  nouveaux cas,  c’est que les ongs commencent à se retirer, ce qui veut dire que les besoins sont moins urgents. La nouvelle stratégie maintenant s’oriente vers un passage des responsabilités au gouvernement haïtien. La réponse reste encore tributaire à 70% des partenaires internationaux de la santé à 10% du gouvernement et surtout ne pas oublier le rôle des brigades cubaines.
VISION 2000 : Dites qu’est ce qui est prévu à l’approche de la période cyclonique en ce qui concerne l’épidémie de choléra.
Porte-parole d’OCHA: Nous sommes dans la phase de préparation d’urgence ce qui implique du pré-positionnement de médicaments, de stocks, de sels de réhydratation orale, également les  ONGs sont là vigilantes et prêtes à intervenir en cas de flambée comme c’est le cas maintenant, à l’approche de la  saison des pluies. Les plans de contingence sont en cours de finalisation, aujourd’hui se tient une réunion très importante qui traite de ce sujet. Nous sommes très conscient que plus  il y a d’eau plus il y a de risques. On peut ajouter qu’il y a des exercices qui sont menées pour le moment en coordination avec les  différents acteurs humanitaires, la MINUSTAH, les autorités nationales en prévision de la saison des pluies. On a déjà une bonne expérience  l’an dernier de mise en place d’un mécanisme de coordination qui a bien fonctionné  et on est entrain de l’améliorer.
RADIO IBO : Est-ce que vous comptez vous réinstaller dans les zones ou il y a une résurgence de l’épidémie de choléra. Prenons l’exemple  de Belladère : 17 personnes sont mortes en quatre jours.  Médecins sans frontières s’est retiré il ya deux mois et depuis,  l’épidémie de  cholera fait des victimes dans cette zone.
Porte-parole OCHA : Médecins sans Frontières  fonctionne d’une manière urgentiste donc en fonction de la tendance de l’épidémie et de son comportement,  ils ont pris la décision stratégique de se retirer de certains endroits. Mais nous avons un protocole très strict sur le retrait des ONGs du secteur de la santé. Une ONG ne peut se retirer que quand le CTC ou le CTY qui est en place dispose de suffisamment de médicaments et de personnels. Il y a donc un relai assuré. D’autres ONGs se sont désengagées  d’un point de vue « présence »   mais on transféré leurs responsabilités opérationnelles aux autorités gouvernementales toutefois elles restent sur le terrain pour  assurer que le personnel est bien formé et  assurent une surveillance épidémiologique. A chaque flambée de choléra, les acteurs de la santé interviennent.  Il faut savoir qu’un regroupement  de centres de cholera a été fait, si une flambée de cholera intervient à un endroit ou il n’y a pas  de CTC,   il se peut que ce patient soit transféré  ou les centres ont été regroupés. En aucune manière nous laisserons des patients sans accès aux soins.

Haiti-Élections : Le Club de Madrid appelle au respect des normes

P-au-P, 27 avril 2011 [AlterPresse] --- L’organisation internationale indépendante, Club de Madrid, dont une mission séjourne actuellement en Haiti, invite tous les acteurs impliqués dans la gestion des problèmes occasionnés par la publication des résultats définitifs du second tour des élections législatives du 20 mars dernier, à recourir aux lois en vigueur. « Conscient des réclamations présentées à l’encontre du processus électoral, le Club de Madrid demande à tous les partis politiques et institutions qu’ils respectent les procédures établies dans la Constitution et la Loi Electorale afin de les (réclamations) traiter de manière pacifique », suggère un communiqué transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
La publication officielle, le 20 avril dernier, des résultats définitifs pour les législatifs a provoqué une vague de violences et de tensions dans plusieurs villes du pays.
Les partisans de 19 candidats, soit 17 à la députation et 2 au sénat, n’ont pas cessé de manifester leur refus des résultats définitifs qui sont en défaveur de leurs candidats.
Selon les membres du club, « La formation d’un Parlement fruit d’élections légitimes est fondamentale pour le développement du pays. »
Le Club de Madrid est à sa quatrième mission en Haiti depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Cette mission vise « à accompagner les nouveaux dirigeants haïtiens dans le développement d’une démocratie efficace », précise le document.
La mission, dirigée par trois membres du club, dont le Secrétaire Général Carlos Westendorp, prend fin le 29 avril.
La délégation du Club de Madrid a prévu de s’entretenir avec le président élu, Michel Martelly, le président sortant, René Préval, les principaux représentants des groupes politiques élus au parlement et des membres de la communauté internationale présents en Haiti. [rh gp apr 28/04/2011 12 :00]http://www.alterpresse.org/spip.php?article10964

Haïti : enfin membre à part entière de la CARICOM ?

Le Bureau de la CARICOM en Haïti, organise actuellement une série de discussions en vue de permettre au pays de participer aux négociations sur les échanges commerciaux de la CARICOM. 
Selon Frantz Villarsseau Joseph, coordonateur de projet, cette activité s'inscrit dans le cadre de la mission du bureau qui vise à aider Haïti à devenir membre à part entière de la communauté caribéenne. 
Il a indiqué qu'avant le 12 janvier, Haïti en tant que membre du marché commun caribéen prenait part activement aux discussions sur les négociations entre la CARICOM et le Canada. 
Et suite au séisme la participation d'Haïti aux activités de la CARICOM a été moins remarquable, selon le responsable du bureau de coordination et de suivi des accords de la CARICOM. Jean Daniel Elie. 
Il croit qu'il est important pour qu'Haïti reprenne ses anciennes habitudes, pour en tirer profit. 
Notons qu'Haïti a signé en 2009 un texte relatif à l'accord de partenariat économique qui devra être ratifié la 49e législature. 
EJ/Radio Métropole Haïti

http://www.metropolehaiti.com/metropole/full_poli_fr.php?id=19060

Les zombies sont zinzins

Les zombies sont zinzins

En Haïti, pays de croyances vaudoues : les zombies, ces revenants soumis à la volonté d'un sorcier, font partie de la vie de tous les jours. Pour les chercheurs, leur apathie est plutôt l'expression de maladies psychiques graves.
13.11.1997 | Michael McCarthy | The Lancet
tDans la plupart des pays, les zombies ne hantent guère que les séries B, tard le soir à la télévision. Mais, en Haïti, ils font partie de la vie de tous les jours. Leur existence même est à ce point prise au sérieux que transformer quelqu'un en zombie équivaut à un meurtre, passible d'une cour de justice. Or deux chercheurs, le Pr Roland Littlewood, du département d'anthropologie et de psychiatrie du University College de Londres, et le Dr Chavannes Douyon, de la Polyclinique Medica de Port-au-Prince, viennent de publier les résultats d'une analyse médicale et psychiatrique de trois zombies. Ils en arrivent à la conclusion que ces derniers sont en réalité atteints de troubles psychiques ou d'encéphalopathie chronique.
D'après les croyances populaires haïtiennes, un être humain est composé de trois entités : le "corps cadavre", c'est-à-dire le corps physique ; legwo-bon anj, la force qui lui donne vie et mouvement ; et le ti-bon anj,l'esprit, siège de la conscience, de la volonté et de la mémoire.
Le corps (sans conscience) du zombie devient l'esclave du "boko"
Selon la tradition, un sorcier - le boko - peut transformer une personne en zombie en capturant son ti-bon anj pour le placer dans une bouteille ou une jarre en terre cuite, où il prend le nom de "zombie astral". Le sorcier y parviendrait en lançant un sort à la victime ou en lui administrant un poison qui la plonge en état de mort apparente. La famille fait alors placer le corps dans une tombe. En Haïti, les sépultures sont rarement enterrées profondément. Quelques jours plus tard, le bokorécupère le corps et le ranime. Mais il garde prisonnier le ti-bon anj,privant la victime de son individualité et de sa volonté. Un boko serait capable, dit-on, de faire de même dans le cas d'une mort naturelle, à condition de réussir à s'emparer de l'esprit du défunt avant qu'il n'ait eu le temps de s'éloigner du corps. Le corps sans âme, le "zombie cadavre", dépouillé de volonté ou de conscience, devient alors l'esclave du boko.Les Haïtiens affirment que les zombies se reconnaissent à leur regard fixe et à leurs mouvements maladroits, répétitifs et apparemment sans but. Ils s'expriment difficilement, avec peu de mots et une prononciation nasale. "Cependant, on les considère plutôt avec compassion", remarquent Littlewood et Douyon. Ce que redoutent les Haïtiens, en revanche, c'est qu'eux-mêmes (ou un de leurs proches) ne subissent une "zombification". "Cette crainte explique que certains cadavres sont - préventivement - décapités avant l'enterrement." Une autre parade, écrivent les deux auteurs, consiste à placer dans le cercueil des poisons ou des colifichets qui protègent contre les sortilèges.
Un zombie peut néanmoins échapper à l'emprise du boko et retrouver sa famille si le récipient qui emprisonne le "zombie astral" se brise ou si, par inadvertance, le boko met du sel dans les aliments de son zombie - ou bien encore lorsque le boko meurt et que sa famille décide de libérer le zombie.
Cependant, même après avoir échappé au boko, un zombie reste en général susceptible d'être à nouveau capturé et asservi. "Bien peu de boko ou de médecins prétendent pouvoir ramener un zombie cadavre à son état de santé et de conscience original", poursuivent Littlewood et Douyon. Ce pouvoir, indiquent-ils, est laissé à la miséricorde du Grand Maître, ce Dieu plutôt distant vénéré par les adeptes du culte animiste typiquement haïtien, le vaudou.
Dans le cadre de leur étude, Littlewood et Douyon ont examiné trois personnes considérées comme des zombies. La première est une femme d'environ 30 ans qui serait morte à la suite d'une brève maladie. "Trois ans plus tard, un ami l'a reconnue alors qu'elle errait près du village, rapportent les auteurs, apparemment muette et incapable de se nourrir." Ses parents accusent alors son mari de l'avoir "zombifiée" par jalousie, à la suite d'un adultère. Ils obtiennent même de la justice l'autorisation d'ouvrir sa tombe, qui ne contenait que des cailloux.
A l'examen, la femme en question s'est révélée bien plus jeune et plus mince que celle que l'on voit sur les photos de famille. Il était donc possible qu'il ne s'agisse pas de leur fille décédée. "Elle garde la tête baissée, marche très lentement et avec rigidité, pratiquement sans bouger les bras, notent les chercheurs.Apparemment dépourvue de toute motivation, incapable d'émettre un souhait, elle ne répond pas aux questions, murmurant de temps à autre des mots incompréhensibles mais stéréotypés. Elle est indifférente à ce qui l'entoure." Après un examen neurologique et psychiatrique, Littlewood et Douyon ont conclu qu'elle souffrait visiblement de schizophrénie catatonique, un trouble psychique grave et difficile à soigner, dont les victimes restent souvent muettes et immobiles.
Au-dessus du sternum, une petite plaie suppurante

Le deuxième zombie est un jeune homme officiellement âgé de 20 à 30 ans. Selon la famille qui l'a recueilli, il s'agit de leur fils, mort brutalement à l'âge de 18 ans. Près d'un an et demi plus tard, il était réapparu lors d'un combat de coqs. Il aurait reconnu son père, évoquant des commentaires entendus lors de son propre enterrement. Il avait alors accusé son oncle de l'avoir zombifié. "Son oncle, précisent les chercheurs,a été arrêté à la demande du père et condamné par le tribunal de la province à la détention à perpétuité pour zombification. Il aurait avoué avoir jalousé son frère, qui avait profité du fait qu'il était le seul à savoir écrire pour enregistrer toutes les terres de la famille sous son propre nom." L'oncle nie avoir usé de sorcellerie ou de poison et affirme que toute l'affaire n'est qu'une ruse du père du garçon visant à l'exproprier. Il prétend en outre que sa confession lui a été extorquée par la police sous la torture.
Les chercheurs n'ont pu avoir accès à la tombe du fils. Ils ont cependant découvert que ce jeune homme semblait lui aussi plus jeune que son âge supposé et bien plus mince que sur les photos de famille. "Il passe le plus clair de son temps assis ou couché dans une position caractéristique, les membres inférieurs vers la gauche, les membres supérieurs vers la droite, ne parlant pratiquement jamais de lui-même et seulement en utilisant quelques mots isolés." Selon ses parents, environ une fois par semaine, il est agité de crises pendant son sommeil. Au-dessus du sternum, il porte une petite plaie circulaire et suppurante. "Son père pense que c'est par là qu'on lui a administré du poison pour le maintenir à l'état de zombie." Pour les chercheurs, ce jeune homme est probablement frappé d'encéphalopathie et d'épilepsie, résultant peut-être d'un accident qui a privé le cerveau d'oxygène. Des tests d'ADN effectués sur le jeune homme et sur ses prétendus parents ont clairement conclu que ces derniers n'étaient pas ses géniteurs. Le dernier cas étudié est celui d'une femme de 18 ans qui serait brusquement décédée de maladie. Sa famille explique qu'elle aurait resurgi sur un marché, treize ans plus tard, racontant qu'elle avait été séquestrée comme zombie, dans un village, à 150 km au nord. Elle aussi est apparemment plus jeune que son âge. Curieusement, on retrouve la petite cicatrice circulaire au-dessus de son sternum. Plutôt vivante, elle ne s'exprime cependant qu'avec difficulté et semble d'une intelligence limitée. Les chercheurs ont conclu qu'elle souffrait d'incapacité prononcée à l'apprentissage, peut-être due à un syndrome d'alcoolisme foetal. Interrogés, deux boko ont déclaré n'avoir aucune idée quant à la signification éventuelle des cicatrices thoraciques de ces deux personnes. Rien, dans la littérature ethnographique, n'a permis de relier ces incisions à un rituel de zombification.
Littlewood et Douyon ont ramené la femme dans la ville où elle disait avoir été détenue comme zombie. Là, elle a été immédiatement reconnue sur le marché comme une familière des lieux : cette simple d'esprit avait disparu après avoir suivi un groupe de musiciens, quelque neuf mois auparavant, pendant le carnaval. Les deux chercheurs avancent qu'il s'agit probablement d'un cas d'erreur d'identité. "Cette femme avait apparemment été enlevée ou avait quitté son domicile pour se retrouver dans une famille qui croyait reconnaître en elle une soeur décédée et zombifiée. Les tests d'ADN démontrent qu'ils n'ont pas de lien de parenté."
Pour Littlewood et Douyon, de nombreux cas de zombies sont dus à "l'identification erronée d'un étranger mentalement dérangé par des parents choqués par un deuil". En Haïti, écrivent-ils, il est courant de voir errer des gens atteints de schizophrénie chronique, d'encéphalopathie ou de troubles de l'apprentissage ; il est donc possible que la croyance aux zombies soit apparue dans la culture locale afin d'expliquer l'état de santé de ces malheureux et de permettre leur intégration dans la société.

SUR L'ORIGINE DU VAUDOU

La culture occidentale a diabolisé le vaudou dès le XVIIIe siècle, explique Dowoti Desir. Une cérémonie vaudoue avait en effet aidé les esclaves à se rebeller contre les colons français et à lancer la révolution haïtienne (1791-1804), première révolte d’esclaves ayant réussi. Mais la réputation du vaudou a également souffert du régime de François Duvalier, dit Papa Doc, qui a tenu Haïti sous sa coupe de 1957 à 1971. Les “tontons macoutes”, la milicede Papa Doc, invoquaient le culte vaudou pour justifier leurs exactions meurtrières. Papa Doc lui-même a modelé son image sur celle du Baron Samedi, l’esprit vaudou de la mort.

Cérémonies vaudoues dans les caves de Brooklyn

Une importante communauté d’origine haïtienne vit à New York, où les cérémonies vaudoues, depuis le séisme qui a dévasté Haïti, connaissent un regain d’intérêt auprès de cette population, écrit le New York Times.
29.04.2011 | Dan Bilefsky | The New York Times
Il est 3 heures du matin. Dans une cave sombre de Brooklyn, Jack Laroche, un ingénieur en informatique d’origine haïtienne, attend nerveusement sa future épouse, un esprit vaudou nommé Ezili Freda qui a le pouvoir d’accorder amour et richesse. 
Pendant que quatre hommes frappent les tambours en rythme, les prêtresses vaudoues vêtues de robes de couleurs vives dansent en cercles extatiques, aspergeant le sol de rhum et scandant “Ayibobo !” – l’amen vaudou. La mariée fait une entrée spectaculaire : l’une des prêtresses, vêtue d’une robe rose étincelante, est prise de violents tremblements, ses yeux se révulsent et elle s’évanouit ; lorsqu’elle revient à elle, elle est possédée par Ezili Freda. Elle prend la main de M. Laroche, lui suçote l’oreille avec coquetterie, puis les heureux époux échangent leur consentement en français. 
Longtemps mal compris et mal perçu par la culture populaire occidentale, le vaudou est devenu un repère spirituel dans les enclaves haïtiennes des Etats-Unis. Ses adeptes y cherchent un réconfort après le tremblement de terre dévastateur qui a frappé Haïti l’année dernière. New York compte 300 000 personnes nées en Haïti ou nées aux Etats-Unis de parents haïtiens. On trouve des temples vaudous richement décorés dans les caves de Harlem ou de certaines zones de Brooklyn et du Queens. Les cercles de prière vaudous se sont multipliés dans les mois qui ont suivi le tremblement de terre en Haïti. 
Dowoti Desir a étudié le vaudou d’origine haïtienne et a un temple chez elle, à Harlem. “Les adeptes du vaudou se dissimulent de peur d’être persécutés, déclare-t-elle. Mais la vérité, c’est que le vaudou a été une aide et un soutien pour des générations de Haïtiens.” M. Laroche, 35 ans, qui s’est mis sur son trente et un pour son mariage, a décidé d’épouser sa femme spirituelle pour affirmer sa culture, faire avancer sa carrière et se protéger contre le malheur. “Certains pensent à tort que ceux qui pratiquent le vaudou peuvent transformer leurs amis en chèvres, confie-t-il. Mais le vaudou, c’est reprendre contact avec le passé.” 
Le vaudou est une religion de guérison et a été apporté à Haïti par les esclaves d’Afrique centrale et occidentale. Les adeptes communient avec un dieu – Gran Met – en adorant les Ioas, des esprits puissants et parfois irascibles, qui gouvernent l’amour, la morale, la reproduction et la mort. 
Selon les chercheurs, la moitié des Haïtiens pratiquent le vaudou sous une forme ou une autre, souvent en conjonction avec le catholicisme. Comme cette religion se pratique en secret et qu’elle accorde une grande importance aux esprits, aux sorts et aux sacrifices animaux, elle est stigmatisée et considérée comme primitive. 
Le vaudou joue cependant un rôle central dans l’histoire d’Haïti : c’est lui qui permet aux gens de supporter l’oppression, la pauvreté et les catastrophes naturelles. 
De même que les membres du clergé des autres religions administrent des sacrements moyennant finances, les mambos, les prêtres et prêtresses vaudous, font payer leurs services, en partie pour financer les goûts dispendieux de certains esprits ; Ezili Freda, par exemple, aime bien le champagne rosé. Les tarifs varient de 300 dollars pour une recette destinée à rendre quelqu’un fou d’amour jusqu’à 5 000 dollars pour un exorcisme en bonne et due forme. M. Laroche déclare avoir payé 10 000 dollars pour son mariage, un prix selon lui plus que justifié par les bénéfices que la bonne volonté des esprits va lui rapporter. 
Les aspirants mambos font en général leur apprentissage auprès d’un mentor expérimenté, et il faut parfois cinq ans pour maîtriser les divers rituels du vaudou, explique Mme Desir. Elle-même a choisi il y a des années de faire des études pour devenir mambo plutôt que de poursuivre ses études d’anthropologie. Sa mère, qui était catholique, en fut consternée, se souvient Mme Desir. 
“Personnellement, je ne cache pas que je suis prêtresse vaudoue, déclare-t-elle. “Mon rôle, ce n’est pas de créer des philtres d’amour, mais d’aider les gens à renouer avec la culture originelle africaine.” 
Pour M. Laroche, qui est arrivé à New York à l’âge de 5 ans, le vaudou représente un lien avec le foyer familial à Port-au-Prince [capitale d’Haïti]. Il ne voit aucune contradiction à manipuler un iPhone et à épouser un esprit vaudou. Pendant la cérémonie, il a décidé de célébrer ses noces avec son amie. Celle-ci n’a pas de raison d’être jalouse : elle a elle-même épousé Ogou, un esprit viril fumeur de cigares qui donne force et protection.

http://www.courrierinternational.com/article/2011/04/29/ceremonies-vaudoues-dans-les-caves-de-brooklyn