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jeudi 21 janvier 2016

ET NOTRE DIASPORA DANS TOUT ÇA ?

Les opinions des gens avisés font constamment l’éloge de l’immense potentialité de la population haïtienne résidant en dehors des frontières du pays. Se basant sur les transferts d’argent pour les besoins de leurs familles et le nombre de professionnels formés et exerçant dans leurs pays d’accueil, les espoirs de développement du pays devraient inclure obligatoirement une participation des haïtiens du dehors.
Cependant, l’activité de la diaspora haïtienne reste définitivement insuffisante malgré des velléités sporadiques et des actions adaptées à des moments clé de la vie nationale à travers lesquelles certains membres de ce groupe veulent affirmer une existence qui peine à s’affirmer.
Il faut admettre que les facteurs qui conditionnent et qui configurent les caractéristiques de cette diaspora sont multiples. Souvent on évoque la mise en place d’un verrou tenu par les acteurs locaux qui cultivent une peur ancestrale de se voir supplanter par des compatriotes ayant vécu à l’extérieur considérés bien souvent à tort comme dotés d’une formation beaucoup plus solide.
Il est clair que des mesures légales facilitant l’intégration de la Diaspora dans la vie nationale pêchent par leurs raretés.
Mais, mieux que ces facteurs extrinsèques, l’émancipation de ce groupe est perturbée par des éléments qui lui sont propres, des aspects qui expliqueraient certaines modalités d’un comportement qui ressemble beaucoup à celui qui est reproché à une grande franche de la population d’haïtiens de l’intérieur.
Les battements d’ailes timides dans des circonstances de mode ou à la mode n'en font point un corps vivant utile et qui compte.
Loin de se regrouper, de s'organiser pour se renforcer, notre Diaspora s'enferme dans des modèles identiques à ceux qui traînent entre néant et nihilisme en Haïti, sans apporter les changements comportant les solutions aux problèmes diagnostiqués depuis deux siècles.
Plusieurs cherchent des vitrines pour s'exprimer ou se faire voir; d'autres agissent comme des donneurs de leçons parce que détenteurs de titres, de diplômes et de savoir.
Dans les moments spécieux ou l'attention se porte pour une raison ou une autre sur Haïti, elle prise dans une effervescence dont l'obsolescence reste programmée dans le court terme jusqu'à la nouvelle actualité.
Après le tremblement de terre de janvier 2010 les rencontres et les débats fusèrent de toute part faisant croire que la Diaspora aurait son mot à dire et une participation effective dans ce rêve de reconstruction qui entrevoyait Haïti repartir sur de nouvelles bases.
Aujourd'hui, six ans plus tard le constat est à la fois amer et brûlant: rien n'a été fait avec la Diaspora à qui on a justement légué le droit de demander où est donc passé l'argent de la reconstruction du pays.
Nos compatriotes de l'extérieur ont aussi rêvé de vivre comme tout haïtiens les moments forts des élections nationales. Alors que peu de voix se lèvent pour exiger le droit de vote, elle a voulu exister et se faire entendre.
Les débats présidentiels les plus animés comptent parmi leur participation à cette aventure électorale.
Elle est encore allée plus loin car sur la liste longue et invraisemblable de candidats à la présidence se sont ajoutés des représentants ou des membres de la communauté haïtienne de l'extérieur. Leurs scores sensiblement supérieur à zéro laissent de l'espace à des conjectures autour de leurs motivations à assumer une telle décision qui termine dans le ridicule et dans le discrédit.
Les organisateurs du dernier forum d'un des groupes se voulant l'un des plus influents, s’enorgueillissaient de réunir plusieurs ex premiers ministres. Même si parmi eux on dénombrait un dont le gouvernement a été éphémère et l'autre un premier ministre de vitrine placé à côté du président pour insuffler un soupçon de légitimité démocratique aux décisions machiavéliques du Président devenu tout puissant avec le parlement mis volontairement hors jeu.
Une plaque de reconnaissance lui a été décernée!
Cependant voici Haïti encore une fois placée à un pas du gouffre dans cette conjoncture de crise électorale. La Diaspora comme la société civile en Haïti, comme une bonne frange de la population haïtienne fait profil bas.
Aucune position officielle!
Aucune sollicitude dans la recherche de solutions!
Pourtant jamais une implication des haïtiens de l'extérieur n'aurait été plus utile que dans la conjoncture actuelle.
On sait très bien que le pays vit sous tutelle depuis bon nombre d'années.
Toutes les grandes décisions sont dictées par la fameuse communauté internationale qui finance nos élections.
L’actuel président du CEP a reconnu que notre président de la République n'a pas été élu mais choisi. Et comme exception culturelle haïtienne -empruntée par atavisme à la France- il est encore le grand artificier de cette situation de crise qui paralyse la nation et qui hypothèque son avenir.
Un des éléments qui empêchent le dénouement logique de la crise électorale est justement la volonté de cette communauté internationale de faire respecter son agenda. Suivant le principe du « celui qui paie décide", elle fait fi de tout bon sens pour pousser le directeur du CEP à foncer contre toute logique vers un mur qui va déboucher sur une longue période d'incertitude et d'instabilité.
La définition étrangère et tutélaire de stabilité est qu'un président remet le pouvoir à un autre le 7 février tous les cinq ans. Les moyens pour arriver au pouvoir pour l'instant importent peu.
Sinon comment justifier la présence des soldats de L'ONU et leur fameuse mission en Haïti!
La diaspora haïtienne regorge de personnalités publiques et privées à succès dans les pays qui pilotent les décisions. Constamment les médias rapportent le succès d'un haïtien ou d'un descendant d' haïtiens dans des domaines variés aux USA, en France et au Canada. Ces nations sont les pays décideurs par excellence de tout ce qui se passe -d'important- en Haïti.
Des instances, des médias et des personnalités publiques de ces pays là questionnent la procédure électorale. Comme exemple un éditorialiste du Washington Post a rendu responsable de la crise, l'intervention américaine.
Un autre exemple se trouve dans ce courrier envoyé au ministre des affaires étrangères américaines par un élu (sénateur) pour demander plus de transparence dans la participation américaine dans notre processus électoral.
Ceci démontre que la crise haïtienne ne laisse pas indifférent. Et les gouvernements qui tirent les ficelles de nos marionnettes en Haïti ne sont pas des régimes totalitaires. La cause haïtienne si elle cherche des alliés, pourra très facilement les trouver car dans ces pays là, Haïti compte de vrais amis.
C'est à ce niveau que la Diaspora aurait dû intervenir en portant un message plus sérieux et différent de ceux que colportent les décideurs qui alimentent à des desseins inconnus la revue à la baisse des standards et le nivellement par le bas.
Aujourd'hui il est clair que l'ennemi du progrès l'entrave au progrès pour Haïti est un adversaire coriace multi Céphale dont la portion de cerveau la plus influente agit depuis l'extérieur.
Donc cette phase, le combat doit être mené par les patriotes de l'extérieur.
Il faut croire que de bonnes leçons auront été tirées de cette crise électorale et que tous les haïtiens comprendront les caractéristiques de leurs responsabilités face à l'histoire et qu'ils agiront en conséquence.
Les membres de la Diaspora devraient revoir la hiérarchie de leurs priorités pour configurer différemment leurs actions vers une efficacité réelle pour le pays.
Dr Jonas JOLIVERT
8/01/2016
Marseille, France

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